Abdelhaï Lazrak, Le traqueur des mauvais payeurs

 
 

Du haut de ses 65 ans, Abdelhaï Lazrak n’en démord pas. L’idée de partir en retraite ne lui effleure même pas l’esprit. Après une brillante carrière bancaire, une escale dans le textile, il a trouvé sa voie. Le crédit management est devenu pour lui une vocation.

«Une référence», c’est ainsi que les professionnels du milieu bancaire qualifient Abdelhaï Lazrak, patron du cabinet de recouvrement Capital Services&conseil. En plus de 40 ans dans de métier, Lazrak est passé maître dans sa profession: pister les mauvais payeurs et les amener à payer leurs dus. Mais avant d’ouvrir son propre cabinet en 1997, et de se consacrer entièrement au crédit management, Lazrak a connu bien des péripéties.

C’est en 1965 qu’il empoche son baccalauréat en lettres modernes à Fès.
Atypique pour un futur spécialiste de la finance, pourrait-on se dire. Mais le futur patron de Capital SC n’est pas du genre à se décourager. Etant asthmatique, il ne pouvait poursuivre ses études dans des villes à climat humide telles que Casablanca ou Rabat. Il ne pouvait pas non plus réaliser son rêve de devenir diplomate, puisqu’ aucune école ne dispensait de formation dans ce sens. C’est ainsi qu'il décide de s'envoler en France, après avoir reçu une bourse d'études. Il réus¬sira à décrocher un diplôme en finances et comptabilité de l'Ecole supérieure de commerce de Montpellier (après une an-née passée à Pau), en 1968. et rentrera au Maroc la même année. «De mon temps, c'était facile de trouver un emploi. J'avais eu plusieurs propositions, de Royal Air Maroc, du ministère du Commerce, de celui des Finances, etc.

Mais j'ai fini par arrêter mon choix sur la Banque Popu¬laire», raconte Lazrak. A l'époque, la BP était dirigée par le nationaliste Omar Benabclcljalil. Dès son recrutement en 1968. Abdelhaï Lazrak est envoyé en Eu¬rope, pour un stage de perfectionnement de 18 mois, auprès du Centre d'études financières, économiques et bancaires (CEFEB), relevant de la Caisse centrale de coopération économique de Paris. Ainsi qu'au centre de formation de la Banque Populaire de France. IX' retour de l'Hexagone, il intègre aussitôt son poste de cadre supérieur à la direction des crédits de la BP, le 1er janvier 1970. Après une année passée à Casablanca, où il avait pour collègue Hassan Ben Ba-chir. actuel conseiller de Anas Sefrioui, le PDG du groupe Addoha et ex-directeur général de la BP, I^azrak fera des escales dans plusieurs villes. Ses compétences seront d'abord sollicitées à Oujda. où il aura pour mission de redresser la banque de cette ville.

Sa nouvelle mission, créer une banque


Au bout de 6 ans, il sera muté à Te¬non pendant 4 ans, afin de créer une nouvelle banque régionale. L'expert des impayés se dirigera ensuite vers la BP de Rabat.où il occupera la fonction de direc¬teur des crédits. Son long périple prendra fin en I984. date à laquelle il réintègre le siège de la banque à Casablanca. Cela dit, Lazrak n'y restera que 4 ans. En 1988, et après 20 ans passés à la BP, il choisit de quitter la banque et de partir explorer d'autres horizons. Une décision difficile que peu de gens de son entou¬rage approuvaient. «Le PDG et le DG de la banque se demandaient si à 45 ans je pouvais encore faire carrière ailleurs», se souvient le patron de Capital S&C. Mais rien ne pouvait l'en dissuader. Pour lui, le jeu en valait largement la chandelle. De par son poste de directeur des crédits, il avait éle témoin de plusieurs exemples de réussite, dont les auteurs avaient com¬mencé petits, mais qui avaient grandi, à force de volonté, de persévérance et d'abnégation. «Ce n'était, toutefois, pas facile de sacrifier un poste important, avec un salaire confortable et beaucoup




Avec un passage dans les finances, le textile, puis la formation, le parcours de Abdelhaï Lazrak est pour le moins atypique.

ECOLE SUPERIEURE DE COMMERCE DE MONTPELLIER
- PROMOTION 1968
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C'est en 1968 qu'Abdelhaï Lazrak décroche son diplôme en finances et comptabilité de l'ESC de Montpelier. En 1969, il est envoyé à Paris par la BP, en vue de suivre un stage de perfectionnement auprès du Cefeb, et du centre de formation de la BP de France.

Lors d'une exposition organisée par l'Amith à Casablanca, en compagnie du ministre du Commerce et de l'Industrie de l'époque (à gauche), Abdallah Azmani. Le textile, c'est l'aventure malencontreuse de Lazrak. Après quelques années fastes, la guerre du Golfe de 1991 aura raison de son projet de bonneterie, installé à Témara.
COACH ET PSYCHOLOGUE


L'agent recouvreur fait souvent face à des situations hu--mainement difficiles à supporter. Il doit dans tous les cas trouver une solution, malgré les circonstances, pour amener le débiteur à payer. «On est à la fois coach et psychologue», explique Lazrak.

tl*avantaecs, pour le néant, l'incertain», avoue-t-iî. Très vite, l'ex-cadre supérieur de la BP change complètement de métier, en se lançant dans une affaire de bonne¬terie. C'est à Témara qu'il construit son usine de fabrication de pul lover. Lazrak se dévoue corps et âme à son projet. Il gère tout, de la création artistique, à la commercialisation, en passant par la ges¬tion industrielle et financière. En l'espace de 3 ans, il réussit à gagner la confiance de plusieurs donneurs (Tordre de renom, tels que Naf Naf.Chevignon, I cclerc.etc. Avec sa femme, qui l'avait rejoint pour relever le challenge, il instaure tout un processus de développement de la qua¬lité optimale. Ses clients n'avaient même plus besoin de se déplacer pour contrôler leurs commandes. Mais le rêve de Ab-delhaï Lazrak n'aura été que de courte durée. Avec l'avènement de la guerre du Golfe en 1991. le vent tournera très vite. Toutefois. Lazrak réussira, tant bien que-mal, à maintenir le cap. Peu de temps après, il décroche un marché de quelque 10 millions de DH. émanant de plusieurs centrales d'achat.

Il redémarre à zéro, encore...

Mais à défaut de moyens financiers et humains, le néo-textilien déclare forfait. «J'ai été extrêmement touché dans mon amour propre. J'ai même fini par regret¬ter d'avoir quitté la BP», confie-t-il. Sa mésaventure n'aura, cependant, pas rai¬son de sa détermination. L'as du crédit management prend la décision, doulou¬reuse pour quelqu'un qui n'accepte pas l'échec, de fermer son usine, afin de limi¬ter les dégâts. Néanmoins, son usine à la¬quelle il tient tant, il l'entretient toujours.
La cinquantaine franchie. Afxlelhaï Lazrak doit, encore, repartir à zéro. Il s'adonne alors à la lecture et fréquente de nombreuses associations, avant de se lancer dans la formation. A partir de 1993. il fait le tour de tout le réseau ban¬caire de la BP pour dispenser des forma¬tions en banque et finances. Ayant repris confiance en lui. il créé en 1997. dans son domicile, son propre cabinet spécialisé en recouvrement des créances, conseil et formation. Il s'inscrit, la même année.
au cycle supérieur du commerce interna¬tional de 1 Iscaf. En 2001. il s'offre un nouveau siège et. en parallèle, il ensei¬gne dans plusieurs écoles, dont l'Esig. f'EFA et I IMM. Il suit par ailleurs, en 2002. une formation dans le coaching. à l'issue de laquelle il deviendra coach certifié. Son but était, en premier, de booster son équipe. Lazrak appréhende sa nouvelle profession avec beaucoup de sérieux et d'engagement. Pour lui, il n'est pas question de parler de concur¬rence entre cabinets de recouvrement. «Je raisonne plus en termes de collabora¬tion et de concertât ion. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi certains, mal¬gré leur création récente, se prévalent, à «ranci bruit, de leurs atouts par rapport à ìeurs confrères». déclare-t-il.

Encadrer le métier, une priorité
Afin d'institutionnaliser son approche. Lazrak crée, avec 4 membres fonda¬teurs. l'Amper (Association marocaine des professionnels des établissements de recouvrement) en 2003, qu'il pré¬side pendant 3 ans. Actuellement, il en est le secrétaire général. «Outre la sen¬sibilisation des entreprises à la nécessité d'extemalisation du recouvrement, notre objectif est. aujourd'hui, de créer un lob-bying et de présenter des propositions de loi», précise l'ex-banquier. «Car ce mé¬tier, encore nouveau au Maroc, n'est pas suffisamment réglementé. Cela permet à des intrus de s'immiscer dans la profes¬sion sans aucun contrôle», ajoute-t-il.
A65 ans. Abdelhaï I a/rak est un hom¬me comblé. Son cabinet, d'une capacité de gestion de 25.(MX) dossiers, es! actuel-lement parmi les plus prisés de la place. De plus en plus de multinationales font appel à ses services. Son parcours est parsemé de réussites, dont le recouvre¬ment d'une créance de près de 1 millions de DH. un record dans la profession. En général, les créances confiées aux autres cabinets n'excèdent pas les 100.(XX) DH.

Ce père de 3 enfants, lin gourmet, est. en outre, un vrai mélomane, amou¬reux de la musique classique orientale. D'ailleurs, il est membre de l'association «Nagham». rassemblant plusieurs chefs d'entreprises, réunis autour de la bonne musique. II est également.comme depuis toujours, un féru de la diplomatie étran¬gère et de la politique internationale.
Ses devises: tolérance cl respect de l'autre. «J'évite de critiquer les autres, quel que soit l'acte qu'ils ont commis», insiste-t-il. Fort de son expérience, il en¬treprend l'avenir avec plus d'assurance et de sérénité. Il compte encore ajouter quelques succès à son palmarès.!

Ahlam NAZIH

Pour lui, la formation est avant tout une passion. Il en fait profiter ses agents recouvreurs en premier.

L' Economiste Magazine | Mars 2009

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